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Skin Stories
8 octobre 2012

Sainte Rita (Ou comment je lui ai rendu son humanité)

Je suis loin d’être catholique, mais l’imagerie de cette religion me fait sourire, en même temps qu’elle me donne des idées. L’image de la sainte (ici, Sainte Rita de Cascia) me fait l’effet d’un mensonge. Sur cette icône, on croit qu’elle se suffit à sa blessure au front (une épine l’aurait blessée alors qu’elle priait devant un Christ.). Pour les uns, c’est un miracle. Pour moi, ce serait enfermer cette pauvre Rita dans une sainteté qu’elle aurait acquise seulement après sa mort. Est-ce qu’un saint, et surtout une sainte, s’attend à une telle chose avant de mourir ? Ce ne serait pas logique. Sinon on tombe dans l’orgueil, et le narcissisme. Non. Cette Rita, que j’ai retouchée il y a peu, est partagée. Entre les trois crânes à droite (Ignorance, Douleur et Désespoir, qui forment la mort à eux trois), le Claddagh en bas à gauche et le regard, en haut et du même côté.

 

 Sainte Rita (Human Nature)

Les trois crânes sont les mêmes, de style mexicain. C’est à la fois pour moi un hommage au côté païen de la culture de ce pays (voir le Día de Muertos, avec ses autels très colorés et ses fêtes dans les cimetières), et une forme de contraste, entre Rita bien portante et ce qui l’attend irrémédiablement malgré sa vertu.

Les yeux rouges rappellent un peu ceux du Christ, parfois représenté avec des larmes de sang, en même temps qu’ils ont quelque chose d’infernal. Un peu comme si un ange (Lucifer ? Eros ? Les deux ?) observait Rita.

En revanche, le Claddagh n’a à première vue pas grand chose à voir avec l’ensemble de l’image. C’est un symbole typiquement irlandais, qui remonte aux années 1700 et est utilisé comme signe de disponibilité romantique et bague de fiançailles... Mais c’est justement cette symbolique-là qui donne avec les autres éléments un sens à l’ensemble de l’image.

Rita est en fait partagée, voire déchirée, à en croire l’expression de son visage, entre le don de son cœur (aussi bien spirituellement que amoureusement ou sexuellement) et la résignation à une vie de solitude, de prière et de travail, une mort sociale et charnelle subtilement représentée par les crânes.

Quand au court poème sur l’image, je vous en donne la traduction :

 

Choisir devient plus difficile

Entre l’amour et la foi

Souviens-toi toujours de ces deux sentiments

Comme des deux visages d’un même pouvoir

Ce qui fait de cette image pieuse retouchée un portrait parmi d’autres de la condition humaine, mais plus encore un portrait de femme, tiraillée entre son aspiration à une conscience, une foi plus forte, et entre un amour humain total qui n’aurait justement rien du péché tellement dépeint par les dogmes et les hommes qui les ont décrétés au cours des siècles, un amour sans calcul et sans vice qui aurait tout de sacré.

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