Il y a peu, j’ai relu Je t’aime Kirk, le journal intime d’Asia Argento, qui fait écho à son film Scarlet Diva (2001). Je ne suis pas là pour la blâmer, j’aime bien cette femme, pas parce que c’est une actrice en vue, mais pour une raison très simple. Se dégager de l’aura d’un grand réalisateur comme Dario Argento, quand on est en plus sa fille, c’est toujours louable. En regardant un jour Trauma (l’un de ses moins bons films, mais agréable à regarder au passage), je me suis dit qu’au fond, la fin d’une gloire en appelle toujours une autre.
Aujourd’hui, que fait Dario Argento ? On ne l’a pratiquement plus vu depuis le téléfilm Jenifer, réalisé pour la série américaine Masters of Horror (Dont je vous conseille notamment La Cave et La danse des morts), un peu comme d’autres maîtres du fantastique que sont John Carpenter ou Tobe Hooper (qui ont également oeuvré dans la série.) De beaucoup de réalisateurs de cinéma de genre qu’on a vu apparâitre à la fin des années soixante, peu sont encore en véritable activité, hormis peut-être George A.Romero, qui continue de faire sa route avec sa saga des morts-vivants.
A propos de zombies, j’ai d’ailleurs retrouvé une vidéo de feue l’excellente émission Quartier Interdit, diffusée sur Canal Plus au début des années 2000, à l’époque où Canal Plus valait encore quelque chose culturellement parlant (avant que Le Grand Journal de Michel Denisot ne débarque avec son cortège aseptisé de « chroniqueuses » fades). Mettez-vous à ma place ! A l’époque où Karl Zéro y présentait son Vrai Journal, ou on pouvait encore y voir des mangas à peu près intéressants, où la sitcom « H » faisait rire nos grands frères avec Jamel Debbouze et consorts, qui se sont vachement assagis par la suite… C’était un autre esprit, une autre époque, bien avant que TF1 ne soit l’étendard médiatique de Sarkozy.
Pour revenir au départ, Quartier Interdit était présenté Par Jean-Pierre Dionnet (le fondateur de Métal Hurlant qui avait également produit et joué avec Philippe Manœuvre dans l’émission Sex Machine, ressortie il y a peu en DVD) ; l’émission était consacrée à ces petites perles du cinéma de genre qu’on ne voyait nulle part ailleurs (admirez l’hommage cathodique) excepté dans le circuit des amateurs de barbaque bien saignante et de phénomènes paranormaux, allant du fantastique au gore pur et dur (La dernière maison sur la gauche y a notamment été diffusé) et de la série B à la série Z. Au menu dans cette vidéo, la critique objective (ce n’est pas du cirage de pompes, c’et vrai) du film d’Andrew Parkinson, Moi, zombie, chronique de la douleur, dont vous pouvez également retrouver la critique sur le site Horreur.com; à chercher sur Youtube...
Mais j’étais partie d’où, déjà ? Ah oui, Asia Argento. La fin d’une gloire (en l’occurrence celle du père) en appelle une autre (celle de la fille). Depuis quelques films, notamment Scarlet Diva, La sirène rouge ou encore Le livre de Jérémie, c’est l’une de nos actrices françaises les moins sages, et cela fait plaisir à voir. Quand on pense au mal fou que peuvent avoir des pseudos chanteuses comme Lady Gaga ou plus récemment Nicky Minaj à vouloir enterrer une Madonna vieillissante et en perte de vitesse, mais qui bouge encore,
Ça fait du bien de voir des actrices comme Asia ou Béatrice Dalle conserver et défendre bec et ongles un bel esprit de rébellion, une sorte d’intégrité qu’on ne retrouve pas chez des comédiennes comme Anaïs Demoustier ou Léa Seydoux, qui semblent tellement lisses qu’on n’arrive pas à oublier qu’au fond, des comme elles, on en croise 40 000 dans la rue.
Parfois même, le cinéma me donne l’impression de lire ce vieux conte, Les habits neufs de L’Empereur, ou ce dernier défile devant ses sujets ébahis dont un jeune garçon, le plus sensé de tous, qui remarque que l’Empereur est finalement nu, qu’il n’a rien à montrer. Pareil pour le cinéma, qu’il soit français ou américain. Les actrices, même les plus rebelles, sont bien plus à plaindre que les acteurs, dans le sens où elles sont entourées de trois fois plus de monde (coach sportif, diététicienne, agents, producteurs, attachés de presse, sans compter les amies qui sont en extase devant le fait de côtoyer une star) que ces derniers. Je plains plus ces femmes que je ne les envie, à cause de tout ça. Mais ce n’est pas ma vie, et ce n’est donc, à partir de cet article, plus à moi de juger.